Viande rouge et cancer
- Décodage / Coralie Oberson Goy
- 1 déc. 2015
- 4 min de lecture

The Lancet Oncology a annoncé, ce 26 octobre dernier, que la viande rouge ainsi que les viandes modifiées (saucisses, charcuterie) sont probablement cancérogènes.
Pour ce décodage du mois, je vous propose d’étudier ce sujet d’actualité. A l’écoute de cette information relayée dans les médias, j’ai constaté que le débat était évidemment et surtout axé sur les résultats obtenus dans cette étude.
Ce qui me semble intéressant, pour ne pas subir une sentence (viande rouge = risque de cancer), c’est de comprendre dans quelle réalité s’inscrivent ces résultats. Donc de s’interroger sur le « pourquoi ».
Car la sentence apporte des conséquences qui peuvent générer du stress ou de la culpabilité : « Est-ce que j’ose encore me faire une grillade de merguez ? », « Je mange de la viande rouge pourtant je sais que je ne devrais pas car ce n’est pas très bon pour la santé », … Bref, tout un florilège d’autoflagellation bien plus néfaste qu’un bon steak-frites arrosé de café de Paris !
Voici quelques questionnements que soulèvent ces résultats :
L’être humain est un animal omnivore. Avant sa sédentarisation ayant permis le développement de cultures agricoles (soit durant près de 3 millions d’années), il se nourrissait principalement de viande et de baies.
Pourquoi la viande rouge, base naturelle de son alimentation, serait alors cancérogène ?
Pourquoi est-ce spécifiquement le côlon et le rectum qui sont touchés par cette consommation ?
Qui développe des cancers dans la population ayant pris part à l’étude ? Des hommes ? Des femmes ? Quels groupes sociaux ? Culturels ? …
Pour répondre à ces différentes questions, analysons tout d’abord le conflit à la base des affections du rectum et du colon :
Le colon :
Partie de l’intestin dont la muqueuse, riche en bactéries, permet la fermentation et la putréfaction des aliments afin d’en extraire les vitamines. Cette muqueuse réabsorbe également l’air et l’eau contenus dans l’intestin.
Puisque c’est dans le colon que la nourriture fermente et se putréfie avant d’être évacuée, cet organe est associé à ce que l’on nomme, en décodage biologique, les conflits de crasse. C’est-à-dire au ressenti de devoir absolument éliminer quelque chose vécu comme dégueulasse.
Le rectum :
Dernier segment du tube digestif reliant le colon à l’anus. C’est dans le rectum que se logent les selles en attente d’évacuation.
Le canal anal lié au rectum est composé de glandes procto-anales. Les secrétions de ses glandes sont utilisées, dans le monde animal, comme moyen d’identifier le congénère. Raison pour laquelle certains animaux se « reniflent les fesses ».
L’Homme ne fonctionne plus ainsi et son identité se définit par différents facteurs sociaux évoluant au cours de sa vie. Toutefois, sa biologie continue à fonctionner comme celle des animaux et lorsque l’humain vit des troubles identitaires, une impression de ne pas trouver sa place, ceux-ci peuvent avoir une influence sur le fonctionnement de son rectum.
Prenons les deux conflits précités (« sentiment de devoir évacuer quelque chose de dégueulasse » et « ne pas savoir quelle est sa place ») et remettons-les en face de la problématique de base (« la viande rouge serait cancérogène »).
Tout en sachant que l’être humain est biologiquement programmé pour se nourrir de viande, pourquoi la viande rouge et les viandes transformées, comme la charcuterie et les saucisses, poseraient plus de problèmes que la viande blanche, par exemple ?
Un courant actuel naît, dans le monde, en réponse à un problème planétaire de malbouffe. Légumes, fruits, céréales non modifiées, viande blanche et poisson sont plébiscités. Tandis que la viande rouge, les huiles, les céréales et les sucres raffinés sont mis dans le rang des aliments poubelle à éviter au maximum. Donnant la sensation à chacun de « se faire totalement du mal » lorsque l’on mord dans un hamburger ou « juste du mal » en mangeant un peu trop de viande rouge et de pâtes carbonara et pas assez de poisson bio issu de nos lacs, entourés de haricots locaux.
Bref, on est en plein dans un beau conflit du colon et de son « sentiment de devoir évacuer quelque chose de dégueulasse. »
Ensuite, QUI mange surtout ces aliments décriés ?
Dans notre imagination et nos stéréotypes, il faut de l’argent et du temps pour se cuisiner des plats « sains ». Egalement, il faut un esprit de curiosité intellectuelle et gustative, de souhait de se faire du bien. Finalement, toute une hygiène de vie particulière.
Tandis que les fast-foods, les bon gros steaks et les barbecues de saucisses seraient réservés à ceux qui préfèrent se goinfrer plutôt que de prendre soin d’eux, à ceux qui cultivent leur animalité ancestrale au détriment de l’évolution.
Alors, dans les esprits, ce sont les couches sociales aisées, intellectuelles, les personnes cultivant leur part féminine de soin de soi qui se nourrissent sainement. Pouvant donner la sensation que les mordus de viande appartiennent à un groupe socio-économique moins élevé et/ou à des gens stressés par une société de consommation et de rentabilité rendant impossible de mettre encore du temps dans la préparation d’une nourriture équilibrée. Et alors on se culpabilise de ne pas avoir une meilleure hygiène de vie, de céder aux pulsions de possession, y compris alimentaires. De ne pas appartenir à cette élite du « bon et du sain ». Nous sommes ici au plein coeur d’un beau conflit du rectum : un conflit d’identité lié à un sentiment de ne pas trouver sa juste place dans la hiérarchie sociale.
En conclusion, et si ce n’était pas la viande rouge et les saucisses qui seraient cancérogènes, mais la perception que nous en avons ?
Vous me remettrez quelques frites avec mon entrecôte, merci !

Article paru dans le Néosanté no 51
de décembre 2015
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